Bien que les donateurs suisses y réagissent pour l’instant encore avec circonspection, un coup d’œil à l’étranger indique clairement où se dirige la tendance.
Bien qu’ils soient plutôt technophiles pour beaucoup d’autres choses, les Suisses se montrent encore très conservateurs dès qu’il s’agit de moyens de paiement. Alors qu’en Europe du Nord le paiement en argent liquide a été mis de côté depuis longtemps au profit du paiement par carte et par smartphone, 60 pourcent des paiements en Suisse sont encore effectués en billets et en monnaie. La Grande-Bretagne pousse encore plus loin : rien que l’année passée, le nombre de paiements sans contact a augmenté de 166 pourcent. Le chemin vers le paiement sans espèces semble tout tracé.
« Si personne n’a d’argent liquide sur lui, cela influence très fortement le don spontané en espèces dans la rue. Si nous voulons continuer à avoir du succès, nous devons innover. », explique Paul Weaver, Digital Innovation Manager chez Cancer Research UK. Il y a déjà deux ans, cette association, dès lors considérée comme l’une des premières institutions britanniques, a commencé à tester un nouveau modèle de dons et a doté la vitrine de ses Cancer Research Shops de stations de paiement sans contact, proposant ainsi aux passants la possibilité d’apporter une contribution de manière simple et rapide. En deux semaines, les dons de 70’000 personnes ont été comptabilisés.
Des dons plus élevés via le paiement sans contact
Depuis lors, beaucoup d’autres organisations britanniques ont testé les possibilités offertes dans ce domaine. Dans le cadre de l’action «Tap Dog», l’organisation de protection des animaux Blue Cross a récolté des dons grâce à des chiens portant des vestes bleues munies de terminaux de paiement. Les personnes souhaitant soutenir l’organisation caritative n’avaient ainsi qu’à maintenir quelques instants leur carte bancaire devant la veste des chiens. « La réaction des gens a été extraordinaire », raconte Matthew Cull de Blue Cross dans son entretien avec Corris.
Récemment, la banque Barclays a présenté un dispositif destiné aux dons sans contact qui permet aux passants de donner deux livres sterling grâce à un bref contact. À noter : au cours d’une phase de test préalable menée en collaboration par onze différentes organisations caritatives, il a été établi que la contribution moyenne était trois fois plus élevée que lors de dons en espèces. Chris Allwood de Charities Aid Foundation explique : « De très nombreuses personnes ne peuvent désormais plus faire un don spontané dans la rue car elles n’ont pas d’argent liquide sur elles. C’est pourquoi il est indispensable que les organisations caritatives acceptent les paiements sans espèces. »
« Les gens doivent s’habituer à type de dons »
En Suisse, on est encore bien loin de tout ça. L’organisme de certification suisse pour les organisations d’utilité publique collectant des dons (Zewo) est précisément l’une des organisations qui a essayé de récolter de fonds dans la rue grâce au paiement sans espèces. Avec un succès massif. « Les gens sont encore très réticents à l’idée de sortir le carte de banque en pleine rue. », explique Martina Ziegerer, directrice de Zewo. Même Paul Weaver de Cancer Research UK précise : « Nos procédures de test montrent l’immense potentiel de ces nouvelles méthodes de paiement, mais les gens doivent encore toutefois s’habituer à ce type de dons. » Il reste convaincu malgré tout que cette conversion engendrera un très grand nombre de nouvelles possibilités de donation et permettra aux gens d’apporter leur soutien de manière simple et pratique. « Celui qui veut se faire une place dans un monde qui évolue à toute vitesse doit être ouvert au changement », souligne Weaver. (NK/Corris)