L’entreprise Ergon Informatik AG à Zurich explique dans un article la création de l’application Corris.
En remplacement de l’ancienne mappe de présentation sur papier, les récolteurs de fonds de Corris montrent désormais des images et des films sur un iPad, qui leur permet également d’entrer les adresses et les données bancaires des donateurs. Une application leur permet de garantir la sauvegarde de ces données en cas de disparition de l’appareil et d’enregistrer au besoin les données offline, notamment dans les sous-voies ou les passages souterrains. Ces récolteurs de fonds sont des jeunes gens, qui se placent à la sortie des gares ou sur les places passantes des centre-ville et s’adressent aux passants afin de récolter des dons en faveur d’organisations caritatives. Généralement, ils ne sont pas employés directement par les organisations, mais par Corris ou d’autres entreprises, qui se sont spécialisées dans la collecte de fonds. Baldwin Bakker se rappelle ses premiers pas en tant que « dialogueur » chez Corris, en 1995 : « Nous étions les premiers à nous adresser directement aux passants dans la rue ». Aujourd’hui, Baldwin Bakker est devenu directeur de Corris Suisse et l’entreprise récolte des fonds pour près de 30 organisations à but non lucratif telles que WWF, Helvetas, ou Pro Infirmis.
Des tablettes mobiles pour remplacer les mappes de démonstration
Jusqu’à récemment, les dialogueurs travaillaient avec une mappe de présentation qu’ils montraient aux passants ; lorsque l’un d’eux se montrait prêt à faire un don, le dialogueur remplissait un formulaire et le lui faisait signer afin de fournir à sa banque une autorisation de système par recouvrement direct (LSV). Les données du donateur étaient saisies électroniquement par le back-office de Corris. « Cette pratique occasionnait régulièrement des erreurs, notamment lorsque l’écriture avec été effacée par la pluie ou que le dialogueur avait écrit de manière illisible », explique Baldwin Bakker. Avec l’adoption des tablettes mobiles, le management a donc réfléchi à un système permettant d’enregistrer électroniquement les données directement sur place : « la qualité des données était notre priorité. Nous souhaitions également proposer une prestation qui soit au goût du jour : avec une tablette, l’information est transmise de manière plus variée et interactive qu’avec les mappes de présentation », précise le directeur de Corris. Il existait déjà sur le marché des solutions adéquates, mais il restait toutefois un défi : en Suisse, les banques exigent une signature manuscrite pour autoriser un LSV. Les applications logicielles disponibles étaient à l’inverse basées sur des signatures électroniques, qui sont usuelles en Europe. Il s’est de plus avéré que toutes les applications nécessitaient une connexion internet et qu’il était impossible d’enregistrer des données offline. Corris a donc décidé de faire développer sa propre application. Quatre entreprises, dont Ergon, ont proposé des offres. Baldwin Bakker se souvient : « la plupart des offres étaient très vagues. Celle d’Ergon, au contraire, montrait concrètement comment le logiciel pouvait être développé. Elle proposait une solution concrète pour répondre à nos exigences ».
Android, iOS ou HTML5 ?
Ergon a commencé la mise en œuvre en octobre 2013. Dans un premier temps, il fallait choisir la plateforme d’accueil sur laquelle baser l’application. Il a été question des plateformes Android, iOS et HTML5 : Ergon maîtrisait le savoir-faire pour les trois systèmes et a donc laissé Corris faire son choix, qui s’est porté sur l’iOS d’Apple. « Les appareils Android sont certes beaucoup plus avantageux, mais, à ce moment-là, une à deux nouvelles générations de systèmes d’exploitation qui n’étaient pas totalement compatibles avec les appareils disponibles sortaient chaque année : cela nous a refroidis », explique Baldwin Bakker. « Aujourd’hui avec les iPad, nous avons un système fiable qui a fait ses preuves au quotidien dans la rue. »
Des imprimantes mobiles
La directive bancaire exigeant des formulaires de dons signés manuellement constituait l’une des exigences centrales du projet et a été résolue grâce à l’utilisation d’imprimantes mobiles. Le premier prototype était encastré dans une mallette, mais il s’est cependant révélé trop gros et encombrant au transport comme à l’usage. Selon Baldwin Bakker, Corris a eu de la chance : « peu de temps après que nous avons commencé à tester l’application durant l’été 2014, Canon à sorti une imprimante mobile fonctionnant sur batterie qui pouvait accueillir l’interface Airprint d’Apple ». Aujourd’hui, les dialogueurs transportent tout leur matériel dans un petit sac à dos. Sur chaque stand, un point d’accès fonctionnant sur batterie établit un WLAN protégé qui permet de relier la tablette électronique à l’imprimante. Ce point d’accès possède également une connexion GSM avec le serveur de Corris, qui sauvegarde les données des donateurs et met les présentations à disposition des dialogueurs. Une autre exigence donnée à Ergon était de créer une solution qui permette aux dialogueurs de travailler online et offline : lorsque le point d’accès se trouve hors connexion, l’application sauvegarde les données localement sur la tablette mobile. Cela se produit lorsque les dialogueurs travaillent dans des passages souterrains ou dans des sous-voies. Dès qu’internet est à nouveau disponible, le logiciel envoie les données au serveur.
Protection des données et synchronisation
Chaque jour, près de 100 dialogueurs de Corris récoltent des fonds à travers la Suisse et il peut arriver qu’un iPad soit perdu ou volé. Afin de protéger les données enregistrées sur la tablette de manière optimale, elles sont communiquées de manière cryptée directement au serveur de Corris tout de suite après leur saisie et immédiatement effacées de la mémoire locale. L’application fonctionne de plus dans un environnement virtuel protégé (Sandbox), ce qui garantit une excellente protection des données et son isolement par rapport à d’autres applications. Au moment de la synchronisation, l’application passe en revue les modifications de manière à garantir que seules les nouvelles données soient transmises.
Qualité des données et optimisation
Désormais, tous les dialogueurs travaillent avec des tablettes électroniques : l’application a fait ses preuves. « Nous récoltons approximativement le même nombre de dons qu’avant, l’élément décisif restant l’entretien personnel mené par le dialogueur, mais la qualité des données s’est nettement améliorée », remarque Baldwin Bakker. L’application complète notamment les champs concernant les adresses lors de la saisie et contrôle la validité des numéros de compte ou d’IBAN enregistrés. Selon le directeur de Corris, le gain d’efficacité est surtout réalisé au niveau des procédures internes. La saisie des temps de travail des dialogueurs se fait par exemple désormais directement via l’application. Il est également possible d’envoyer électroniquement des documents internes, tels que les autorisations pour les stands, directement sur la tablette mobile afin de maintenir une information centralisée et d’économiser du papier.
Premier pas dans le monde numérique
« Pour nous, c’était un important projet IT. Au premier abord, l’application semble plutôt simple, mais elle est en réalité assez complexe, si on considère par exemple le système d’utilisation offline. Nous apprécions grandement notre partenariat avec Ergon, entreprise fiable et expérimentée, qui a su nous conseiller durant tout le projet », souligne Baldwin Bakker. L’application représente pour lui le premier pas entre l’analogique et le monde numérique. « Maintenant, nous pouvons même accepter des dons effectués par téléphone mobile. Le dialogueur entre le numéro dans l’application et le donateur n’a plus qu’à valider le montant par téléphone. » Dans cette idée, une première connexion avec les médias sociaux a été initiée, grâce à laquelle les donateurs peuvent, avec l’aide du dialogueur, créer des photos personnalisées tirées de l’application afin de recommander plus loin l’organisation caritative.
__________________________________________________________________
Numérisation dans le cadre de la recherche de fonds
Interview avec Birgit Erdtner, responsable de projets chez Ergon
Quelles opportunités la numérisation apporte-t-elle à la recherche de fonds ?
Les procédures internes sont facilitées et de nombreuses sources d’erreur sont éliminées. Les présentations sur tablette mobile, mêlant informations, images et films, sont vivantes et modernes. De nouvelles idées émergent sans cesse, comme par exemple les photos personnalisées des donateurs, qui peuvent ensuite être utilisées comme suggestions personnelles sur les médias sociaux. Ça tient un peu du gadget : la gamification est l’un des éléments importants des applications logicielles actuelles. Elle peut ici constituer un moyen de motivation des donateurs et des dialogueurs de Corris, par exemple via un tableau informatif digital indiquant en temps réel sur quels emplacements et pour quels montants des dons sont effectués. Cela éveille un instinct de jeu, dans lequel chacun essaie de marquer plus de points.
Toutes les idées ont-elles pu être mises en place ?
Pour éviter de dépasser le budget, nous avons plutôt dû freiner nos clients : Corris avait vraiment beaucoup d’idées. Nous les mettons en priorité. Certaines ont déjà été mises en œuvre et d’autres viendront dans une phase ultérieure.
Le choix de plateforme entre Android, iOS ou HTML5 a-t-il joué un rôle pour Ergon ?
Absolument pas, nous avons déjà travaillé avec les trois plateformes par le passé. Nous transférons en interne le savoir-faire des experts adéquats à l’équipe de projet. Au cours du choix, nous avons surtout proposé notre conseil. Et puisque nous n’avions pas à nous conformer à un système déjà existant, ce fut un plaisir de commencer sur une base complètement nouvelle et de proposer la meilleure solution possible. Du point de vue d’Ergon, la collaboration avec Corris est une complète réussite.
__________________________________________________________________
Cet article de l’entreprise Ergon Informatik AG est également disponible ici en version PDF.
